Vingt-quatre ans après sa signature, l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi demeure au cœur des débats politiques et académiques. Une récente conférence organisée le 20 septembre dernier  par l’Université de Fribourg dans le cadre du projet Girubuntu Peace Academy a mis en lumière la pertinence persistante de cet accord pour l’avenir du pays.

Le Dr Elie Maniragora, expert en droit public et médiation, a présenté une analyse approfondie intitulée “Accord de paix d’Arusha : Un socle de paix et de stabilité au Burundi ou un monument d’inutilité ?”. Son étude souligne deux principes fondamentaux de l’accord : la négociation comme outil de résolution des conflits et le partage du pouvoir.

Un héritage controversé

L’accord d’Arusha visait à résoudre les crises de pouvoir entre Hutus et Tutsis en remodelant le cadre politique et institutionnel du Burundi. Il a marqué une rupture nette avec les régimes précédents, instaurant un nouvel ordre politique, économique, social et judiciaire.

Cependant, dès sa signature, l’accord a fait l’objet de critiques. Un rapport du Centre pour le dialogue humanitaire l’a qualifié d’échec, pointant du doigt l’absence des mouvements rebelles armés lors de sa signature et la pression exercée par la médiation.

Un pilier de paix remis en question

Le CNDD-FDD, au pouvoir depuis 2005, était absent des négociations d’Arusha en tant que mouvement rebelle. Aujourd’hui, le parti rejette toute négociation basée sur cet accord, le considérant comme caduc.

Pourtant, le Dr Maniragora met en garde contre l’abandon de l’accord d’Arusha, le jugeant crucial pour la stabilité du pays. “Malgré ses imperfections, l’accord reste un fondement essentiel pour la paix au Burundi”, affirme-t-il.

Perspectives d’avenir

La conférence de Fribourg a souligné l’importance de préserver l’esprit de l’accord d’Arusha, tout en l’adaptant aux réalités actuelles du Burundi. Les experts s’accordent sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour consolider la paix et la démocratie dans le pays.

Alors que le Burundi fait face à de nouveaux défis politiques et sociaux, l’héritage de l’accord d’Arusha continue de façonner les discussions sur l’avenir de la nation. Son rôle dans la stabilité future du pays reste un sujet de débat crucial pour les acteurs politiques et la société civile burundaise.